Posté le 2 mai 2017

Écrit par Michelle Brownlee

 

Les systèmes de tarification du carbone qui ont été adoptés par quatre provinces canadiennes et qui seront bientôt implantés partout au Canada auront un impact sur les petites et moyennes entreprises (PME). La tarification du carbone est une politique souple qui permet aux entreprises d'être innovantes dans leur adaptation, les PME sont dans une position unique pour gérer les augmentations de coûts tout en capturant des opportunités comme une part de marché accrue pour une innovation propre et des possibilités dans le marché du carbone.

 

Gérer les coûts

Du côté des coûts, de nombreuses entreprises devront s'adapter à l'augmentation des coûts entrants, en particulier pour les carburants à base de carbone tels que le gaz naturel et l'essence, et pour les produits et services qui nécessitent beaucoup de carburant. Par exemple, en Ontario, le prix du carbone revient environ à une augmentation du prix de l'essence de 4 cents par litre, et environ 3,3 cents / mètre pour le prix du gaz naturel. Pour un ménage moyen, c'est environ 13 $ par mois; cela variera pour les entreprises. Les mathématiques sont à peu près semblables en Alberta. Dans les deux provinces, les coûts de l'électricité ne devraient pas changer.

Comment une petite ou moyenne entreprise peut-elle réagir à ces augmentations? Prenons l'exemple de l'utilisation d'essence dans une PME qui exploite une flotte de véhicules. Lorsque le prix de l'essence augmente à travers un prix du carbone, les gestionnaires de flottes ont un certain nombre d'options pour s'adapter: réduisent leur transport, investissent dans des véhicules neufs qui utilisent moins de carburant à base de carbone ou font des améliorations dans leur système. Trouver des gains d'efficience, sans parler de toute autre solution personnalisée. La clé ici est que les entreprises ont des options et sont en mesure de trouver les solutions plus novatrices, rentables et concurrentielles.

Les entreprises auront besoin d'outils pour trouver de bonnes solutions. Par exemple, une entreprise qui envisage de remplacer une flotte de véhicules devra maintenant tenir compte de son calcul, la trajectoire de la hausse des prix du carbone. Les véhicules à carburant ou à carburant alternatif afficheront maintenant de meilleurs revenus d'investissement.

 

Saisir les opportunités

Il y a également des retombées pour les petites et moyennes entreprises en passant par des opérations plus propres et plus rentables grâce à un prix du carbone. Tout d'abord, le domaine des technologies propres est en pleine croissance au Canada et celui-ci est presque exclusivement peuplé par les PME. Ces PME connaîtront une demande intérieure croissante pour leurs produits et services, ce qui leur permettra de se développer et de devenir compétitifs dans un marché mondial de la technologie propre qui devrait atteindre 3 trillions de dollars d'ici 2020.

De plus, les entreprises canadiennes pourront se vendre comme étant les plus propres au monde - un avantage important, car les investisseurs cherchent de plus en plus souvent des entreprises qui affichent un leadership climatique. Enfin, il y aura de nouvelles opportunités de créer grâce à la séquestration des émissions de gaz à effet de serre. Celles-ci qui ne sont pas soumises à la tarification du carbone, grâce à des puits de GES dans les secteurs de la foresterie et de l'agriculture.

 

Apprendre de la Colombie-Britannique

En mars 2016, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante a interrogé 500 petites entreprises en Colombie-Britannique concernant les répercussions de la taxe sur le carbone. Moins de la moitié ont déclaré avoir augmenté leurs prix, seulement 14% étaient préoccupés par l'impact sur leur compétitivité et 77% ont cru qu'il était possible de cultiver l'économie tout en protégeant l'environnement. Dans l'ensemble, l'économie de la Colombie-Britannique a légèrement dépassé le reste du Canada depuis l'introduction du prix du carbone.

 

Perspectives politiques

Du côté des coûts, les décideurs doivent suivre les impacts sur les PME afin de s'assurer qu'il n'y a pas de coûts défavorables inattendus. Et il y a encore beaucoup à faire au Canada pour équiper les entreprises de connaissances de base sur la tarification du carbone et pour les aider à faire les meilleurs choix.

Du côté des opportunités, les politiques doivent aller de l'avant. Par exemple, le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques laisse beaucoup de détails à déterminer, comme toutes les politiques liées à l'agriculture. De même, les règles relatives aux compensations de carbone en Ontario sont toujours à régler. Ainsi, les entreprises pourraient utiliser une bonne analyse qui identifie où la demande est destinée et l’appliquer à des solutions technologiques propres.

Bien que le travail des politiques doive continuer à progresser, les premières preuves montrent que les entreprises seront résilientes, innovantes et capables de survivre - et même de prospérer – grâce à une tarification au Canada.

Pour en savoir plus sur les PME et le prix du carbone, regardez l'événement en direct de l'édition iPolitics de ce printemps sur Facebook. Et lire pourquoi mon co-panéliste, Craig Alexander, pense que le Canada peut aller de l’avant et seul sur la tarification du carbone.